“La bourse, c’est comme le casino”
Combien de fois as-tu entendu cette phrase ? Cette comparaison, souvent répétée lors des repas de famille ou entre amis, est pourtant fondamentalement erronée. Elle détourne malheureusement de nombreuses personnes d’une des voies les plus éprouvées pour faire fructifier son épargne sur le long terme.
Dans cet article, je t’invite à déconstruire cette idée reçue et à découvrir pourquoi les marchés financiers, loin d’être gouvernés par le hasard, récompensent en réalité la patience et la constance. Tu verras que contrairement aux jeux de hasard, le temps est ton meilleur allié en matière d’investissement.
Pourquoi la comparaison avec le casino est fausse
Le casino : un jeu à somme négative
Au casino, la maison gagne toujours. Ce n’est pas qu’une expression : mathématiquement, les jeux sont conçus pour que l’établissement prélève un pourcentage sur chaque mise. À la roulette, l’espérance de gain est négative en raison du zéro. Aux machines à sous, le taux de redistribution est généralement inférieur à 100%. En d’autres termes, plus tu joues, plus tu es certain de perdre.
Le casino ne crée aucune valeur. L’argent y circule simplement des perdants vers les gagnants et vers la maison. C’est ce qu’on appelle un jeu à somme négative : la somme totale des gains est inférieure à la somme des mises.
Le marché : un générateur de valeur
À l’inverse, le marché financier repose sur des entreprises qui créent réellement de la valeur. Quand tu achètes des actions, tu deviens copropriétaire d’entreprises qui produisent des biens et services, génèrent des revenus, investissent pour se développer et distribuent des dividendes.
Amazon livre des millions de colis, LVMH vend des produits de luxe, Total produit de l’énergie… Ces entreprises participent à l’économie réelle. Leurs performances boursières finissent, sur le long terme, par refléter leur capacité à créer de la valeur économique.
Le hasard vs la prévisibilité relative
Au casino, chaque tour de roulette est indépendant du précédent. Qu’il soit sorti rouge dix fois de suite n’augmente en rien la probabilité que le noir sorte au prochain tour. C’est le règne du hasard pur.
Sur les marchés financiers, s’il existe bien une part d’imprévisibilité à court terme (la volatilité), des tendances de fond se dessinent sur le long terme. Ces tendances sont liées à des facteurs économiques fondamentaux : croissance démographique, innovation technologique, amélioration de la productivité… Ces forces agissent comme une marée montante qui, malgré les vagues (les fluctuations quotidiennes), finit par élever tous les bateaux.
Pourquoi le marché récompense la patience
La croissance économique comme moteur
L’Histoire nous montre que l’économie mondiale tend à croître sur le long terme. Malgré les crises et les récessions, le PIB mondial augmente en moyenne de 3% par an depuis plus d’un siècle. Cette croissance se traduit par une augmentation de la valeur des entreprises et donc des marchés financiers.
En investissant sur les marchés, tu prends position sur cette croissance économique. Tu ne mises pas sur du hasard, mais sur la capacité de l’humanité à innover et à produire davantage de richesses – un pari qui s’est révélé gagnant sur le long terme.
Les dividendes : une source de revenu régulier
Contrairement au casino où tu dois miser à chaque fois pour espérer gagner, les actions génèrent souvent des dividendes – une distribution régulière d’une partie des bénéfices de l’entreprise. Ces dividendes représentent un flux de revenus qui s’ajoute à la potentielle plus-value lors de la revente.
Sur longue période, les dividendes constituent une part substantielle du rendement total. Pour le S&P 500, ils ont représenté environ 40% du rendement total sur les 90 dernières années.
La magie des intérêts composés
Albert Einstein aurait qualifié les intérêts composés de “huitième merveille du monde”. Cette expression illustre parfaitement comment le temps peut transformer un investissement modeste en un capital important.
Prenons un exemple : en investissant 200€ par mois avec un rendement annuel moyen de 7% (proche de la moyenne historique des marchés actions), tu obtiendrais :
- Après 10 ans : environ 34 000€
- Après 20 ans : environ 98 000€
- Après 30 ans : environ 243 000€
- Après 40 ans : environ 526 000€
Remarque comme l’accélération s’intensifie avec le temps. C’est parce que tu gagnes non seulement sur ton capital initial, mais aussi sur les gains précédents. Tes intérêts génèrent eux-mêmes des intérêts. Au casino, ce phénomène n’existe pas.
L’historique des indices boursiers
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Le S&P 500, qui regroupe les 500 plus grandes entreprises américaines, affiche un rendement annualisé d’environ 10% depuis sa création en 1926 (dividendes réinvestis, avant inflation). Même en tenant compte de l’inflation, le rendement réel reste supérieur à 7%.
Le MSCI World, un indice représentant les marchés développés mondiaux, affiche également des performances solides sur le long terme avec un rendement annualisé d’environ 9% depuis 1970.
Ces rendements incluent pourtant des périodes tumultueuses : krach de 1929, choc pétrolier de 1973, krach d’octobre 1987, éclatement de la bulle internet en 2000, crise financière de 2008, pandémie de COVID-19… Malgré ces événements, la tendance de fond reste haussière sur le long terme.
L’importance de l’horizon long terme et de la régularité
Le lissage de la volatilité par le temps
La volatilité qui effraie tant les nouveaux investisseurs tend à se lisser avec le temps. Sur une journée, le marché a environ 53% de chances de monter. Sur 10 ans, cette probabilité grimpe à plus de 88%. Et sur 20 ans, historiquement, aucune période n’a été négative pour le S&P 500 et le MSCI world.
Plus ton horizon d’investissement est long, plus la probabilité de subir une perte diminue. C’est exactement l’inverse du casino, où la probabilité de perte augmente avec le temps passé à jouer.
Le Dollar Cost Averaging (DCA) : une stratégie zen
Le DCA, ou investissement régulier, consiste à investir la même somme à intervalles réguliers, quelles que soient les conditions de marché. Cette approche présente plusieurs avantages :
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Élimination du timing de marché : nul besoin de deviner le “bon moment” pour investir, un exercice quasi impossible même pour les professionnels.
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Effet de lissage : tu achètes plus de titres quand les cours sont bas et moins quand ils sont élevés, ce qui améliore mécaniquement ton prix d’achat moyen.
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Discipline d’investissement : cette méthode encourage une approche régulière et détachée des émotions.
Imagine que tu investisses 200€ chaque mois dans un ETF mondial. Un mois, le marché est bas, tu achètes l’équivalent de 10 parts. Le mois suivant, le marché a monté, tu n’obtiens que 9 parts. Cette mécanique simple te permet d’accumuler davantage de titres quand ils sont “en solde”.
Les ETF : démocratisation de l’investissement diversifié
Les ETF (Exchange Traded Funds) ou trackers sont des fonds qui répliquent la performance d’un indice. Ils permettent, avec un investissement modeste, d’acquérir un portefeuille instantanément diversifié.
En investissant dans un ETF qui suit le MSCI World par exemple, tu deviens copropriétaire des 1 600 plus grandes entreprises mondiales, réparties dans 23 pays développés. Cette diversification réduit considérablement ton risque par rapport à l’achat d’actions individuelles.
Les ETF présentent généralement des frais très faibles (souvent inférieurs à 0,3% par an), contrairement aux fonds actifs traditionnels. Sur le long terme, cette différence de frais peut représenter des dizaines de milliers d’euros de performance supplémentaire.
La psychologie de l’investisseur : ton plus grand défi
Warren Buffett, l’un des plus grands investisseurs de tous les temps, a dit :
“Le marché boursier est un mécanisme qui transfère l’argent des impatients vers les patients.”
La plus grande difficulté de l’investissement n’est pas de choisir les bons titres, mais de maîtriser ses émotions. La peur et l’avidité sont les deux principaux ennemis de l’investisseur.
Quand les marchés s’effondrent, ton instinct te pousse à vendre pour “limiter les dégâts”. Quand ils s’envolent, tu ressens l’urgence d’investir davantage pour “ne pas rater le train”. Ces réactions émotionnelles conduisent souvent à acheter au plus haut et à vendre au plus bas – exactement l’inverse de ce qu’il faudrait faire.
La solution ? Automatiser tes investissements, définir une stratégie claire à l’avance et… ne plus regarder les cours tous les jours. Adopte une perspective de jardinier : plante tes graines (tes investissements), arrose régulièrement (DCA), et laisse le temps faire son œuvre.
Conclusion : le temps, allié de l’investisseur et ennemi du joueur
Au casino, le temps joue contre toi. Chaque minute supplémentaire passée à jouer augmente la probabilité que tu repartes les poches vides.
Sur les marchés financiers, c’est exactement l’inverse : le temps est ton allié le plus précieux. Il permet aux intérêts composés de faire leur magie, aux dividendes de s’accumuler, à la volatilité de se lisser et aux tendances économiques de fond de s’exprimer.
Le marché n’est pas prévisible à court terme – personne ne peut dire avec certitude où sera le CAC 40 dans trois mois. Mais sur 10, 20 ou 30 ans, la tendance historique est clairement haussière.
Alors plutôt que de céder aux sirènes de la spéculation et du trading frénétique (qui, lui, ressemble effectivement parfois à un jeu de hasard), je t’invite à adopter une approche sereine et régulière de l’investissement :
- Définis ton horizon d’investissement (idéalement le plus lointain possible)
- Choisis des supports diversifiés (comme les ETF mondiaux)
- Mets en place un plan d’investissement régulier
- Laisse le temps agir
Contrairement au joueur de casino qui espère un coup de chance immédiat, l’investisseur patient sème aujourd’hui pour récolter demain. Et c’est précisément cette différence fondamentale qui fait que le marché n’est pas un casino, mais bien un outil de création de richesse sur le long terme.