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Le patrimoine des Français : pourquoi les riches deviennent plus riches (et comment tu peux t’en inspirer)

Publié le: 8 Mai, 2025

Tu t’es déjà demandé pourquoi certaines personnes semblent s’enrichir de plus en plus vite alors que ton épargne à toi avance au ralenti ? Ce n’est pas juste une impression : c’est une réalité bien documentée en France. Les plus fortunés voient effectivement leur patrimoine croître plus rapidement que celui des classes moyennes et modestes. Mais pourquoi ? Le secret n’est pas si mystérieux qu’on pourrait le croire : ça tient en grande partie à la composition de leur patrimoine, et notamment à la place qu’y occupent les actions. Plongeons dans les chiffres et voyons comment tu pourrais t’inspirer de ces stratégies, même sans être millionnaire.

Le grand écart patrimonial : les chiffres qui parlent

Commençons par quelques données concrètes pour comprendre l’ampleur du phénomène :

Selon l’INSEE et la dernière enquête “Histoire de vie et Patrimoine” (2021), voici comment se répartit le patrimoine en France :

  • Les 10% des Français les plus fortunés possèdent environ 47% du patrimoine total
  • Les 50% les moins fortunés se partagent seulement 8% du patrimoine national
  • L’écart continue de se creuser : entre 2010 et 2021, le patrimoine moyen des 10% les plus riches a augmenté de 25%, contre seulement 8% pour la moitié la moins fortunée

Ces inégalités ne sont pas nouvelles, mais elles s’accentuent, et la composition du patrimoine explique en grande partie pourquoi.

La composition du patrimoine selon les catégories sociales

Voici comment se compose typiquement le patrimoine selon la richesse :

Pour les 10% les plus fortunés :

  • Actions et placements financiers : environ 35% de leur patrimoine
  • Immobilier : environ 45%
  • Assurance-vie et autres produits d’épargne : 15%
  • Liquidités (comptes courants, livrets) : 5%

Pour les classes moyennes (40% médians) :

  • Actions et placements financiers : seulement 5-10% du patrimoine
  • Immobilier : 70-80% (essentiellement la résidence principale)
  • Assurance-vie et autres produits d’épargne : 10%
  • Liquidités : 5-10%

Pour les 50% les moins fortunés :

  • Actions et placements financiers : moins de 2%
  • Immobilier : variable (beaucoup sont locataires)
  • Épargne de précaution (livrets) : la majorité de leur patrimoine financier
  • Liquidités : proportion importante par nécessité

Ces chiffres issus des données de la Banque de France et de l’INSEE révèlent une tendance claire : plus on est fortuné, plus la part des actifs risqués mais rentables (comme les actions) est importante dans le patrimoine.

Le rendement fait toute la différence

C’est là que ça devient intéressant. Sur les 30 dernières années, voici les rendements moyens annuels (après inflation) des principales classes d’actifs en France :

  • Actions (CAC 40 avec dividendes réinvestis) : environ 7-8% par an
  • Immobilier résidentiel : 3-4% par an (hors effet de levier du crédit)
  • Assurance-vie en euros : 1,5-2% ces dernières années (après avoir été plus performante par le passé)
  • Livrets réglementés (type Livret A) : proche de 0% en termes réels (après inflation)

Tu commences à voir le problème ? Si 35% de ton patrimoine génère 7-8% par an, tandis que la majorité du patrimoine des classes moyennes et modestes génère 0-3%, l’écart va mécaniquement se creuser année après année.

L’effet boule de neige des intérêts composés

Pour bien comprendre l’impact de cette différence de rendement, prenons un exemple concret :

Imaginons deux personnes :

  • Thomas, qui a un patrimoine de 50 000 € investi principalement en immobilier et livrets (rendement moyen : 2%)
  • Julie, qui a un patrimoine de 500 000 € dont 35% en actions (rendement moyen global : 4%)

Après 20 ans, sans aucun apport supplémentaire :

  • Le patrimoine de Thomas atteindra environ 74 300 € (+48%)
  • Celui de Julie atteindra environ 1 095 560 € (+119%)

L’écart initial de 1 à 10 est passé à un écart de 1 à 15 ! Et cela uniquement à cause de la différence de rendement liée à la composition du patrimoine.

Pourquoi les Français modestes et moyens évitent-ils les actions ?

Face à ces chiffres, on pourrait se demander pourquoi tout le monde ne se rue pas sur les actions. Plusieurs facteurs l’expliquent :

  1. La peur du risque : Selon une étude de l’AMF (Autorité des Marchés Financiers), 67% des Français considèrent la bourse comme “trop risquée”
  2. Le manque de connaissances financières : Seulement 33% des Français se déclarent à l’aise avec les concepts financiers de base selon l’OCDE
  3. Le besoin de liquidité : Les ménages modestes ont besoin d’accéder rapidement à leur épargne en cas de coup dur
  4. La barrière psychologique : L’idée que “la bourse, c’est pour les riches” persiste
  5. Le montant disponible pour l’épargne : Difficile d’investir quand on met de côté moins de 100€ par mois

Les événements récents ont aggravé la situation

La période 2019-2023 a encore accentué le phénomène :

  • La crise du Covid a provoqué un krach boursier en mars 2020, suivi d’un rebond spectaculaire dont ont profité ceux qui avaient des actions
  • L’inflation revenue depuis 2021 a érodé la valeur des livrets et de l’épargne sans risque
  • La hausse des taux d’intérêt a rendu l’accès à la propriété plus difficile pour les primo-accédants
  • Les marchés actions ont connu une forte hausse, notamment portés par les secteurs technologiques et le luxe

Selon les données de la Banque de France, l’écart de patrimoine s’est encore creusé de 3 points supplémentaires pendant cette période.

Comment les classes moyennes peuvent-elles s’inspirer des stratégies des plus fortunés ?

Bonne nouvelle : tu n’as pas besoin d’être riche pour commencer à investir comme les riches. Voici quelques stratégies accessibles :

1. L’investissement progressif en ETF (fonds indiciels)

Tu peux aujourd’hui investir dans des ETF qui répliquent les indices boursiers pour seulement quelques euros par mois. Ces produits offrent :

  • Une diversification automatique
  • Des frais très faibles (moins de 0,5% par an)
  • La possibilité d’investir de petites sommes régulièrement

Les chiffres montrent qu’un investissement mensuel de 100€ dans un ETF mondial (rendement historique d’environ 8%) peut générer environ 150 000€ après 30 ans.

2. L’épargne salariale et l’actionnariat salarié

Les dispositifs d’épargne salariale sont sous-utilisés par les salariés français :

  • Seulement 61% des salariés éligibles à l’intéressement en profitent pleinement
  • Les sommes placées en actions dans les PEE (Plans d’Épargne Entreprise) bénéficient pourtant d’avantages fiscaux considérables
  • L’abondement de l’employeur représente un rendement immédiat pouvant aller jusqu’à 300%

3. Le PEA (Plan d’Épargne en Actions)

Ce dispositif fiscal avantageux permet d’investir en actions avec une exonération d’impôts (hors prélèvements sociaux) après 5 ans :

  • 5,3 millions de Français détiennent un PEA, mais la moitié d’entre eux y ont moins de 7 000€
  • Le plafond est pourtant de 150 000€
  • Les moins de 35 ans ne représentent que 12% des détenteurs de PEA

Des initiatives pour démocratiser l’investissement en actions

La situation évolue progressivement :

  • Les applications d’investissement simplifié se multiplient
  • L’éducation financière commence à entrer dans les programmes scolaires
  • Des mesures fiscales favorisent l’investissement productif

La part des actionnaires individuels en France est passée de 6,2% à 7,5% de la population entre 2019 et 2023, selon la dernière étude de Kantar pour l’AMF. C’est un bon début, mais on reste loin des 58% d’Américains qui détiennent des actions directement ou via des fonds.

Conclusion : la démocratisation de l’actionnariat, un enjeu de société

L’écart de patrimoine entre les plus fortunés et le reste de la population française n’est pas une fatalité. Il s’explique en grande partie par des choix d’allocation d’actifs et par un accès inégal à l’information financière.

Pour réduire ces inégalités, plusieurs pistes existent :

  • Renforcer l’éducation financière dès le plus jeune âge
  • Faciliter l’accès aux produits d’investissement pour tous
  • Développer des incitations à l’investissement productif
  • Communiquer davantage sur les risques mais aussi les opportunités de l’investissement long terme

Même si tu ne fais pas partie des plus fortunés, tu peux commencer à adapter tes stratégies d’épargne pour faire travailler ton argent plus efficacement. Le plus important est de commencer tôt, même avec de petites sommes.

Comme le disait Warren Buffett :

“Le jeu de l’investissement est celui où l’on gagne en ne faisant pas d’erreurs. Celui qui reste sur le terrain sans faire d’erreurs majeures gagne la partie.”

À toi de jouer maintenant !