Qu’est-ce qu’une action?
Une action représente une part de propriété dans une entreprise. Lorsque tu achètes une action d’Apple, par exemple, tu deviens littéralement propriétaire d’une minuscule fraction de cette entreprise. Si Apple possède 100 milliards de dollars d’actifs et a émis 10 milliards d’actions, chaque action représente environ 10 dollars d’actifs de l’entreprise.
Caractéristiques principales des actions:
- Propriété: Tu possèdes une partie de l’entreprise et ses actifs.
- Dividendes: Certaines entreprises versent une partie de leurs bénéfices aux actionnaires sous forme de dividendes.
- Appréciation du capital: Si l’entreprise croît et devient plus profitable, la valeur de tes actions augmente.
- Droits de vote: En tant qu’actionnaire, tu as généralement le droit de voter sur certaines décisions importantes de l’entreprise.
- Volatilité: Les prix des actions peuvent fluctuer considérablement à court terme.
- Rendement potentiel élevé: Historiquement, les actions ont offert les meilleurs rendements sur le long terme (environ 7-10% par an en moyenne).
Qu’est-ce qu’une obligation?
Une obligation est essentiellement un prêt que tu accordes à une entité (gouvernement, entreprise, etc.). En achetant une obligation, tu prêtes de l’argent à l’émetteur qui s’engage à te rembourser le principal à une date d’échéance spécifique, tout en te versant des intérêts périodiques.
Caractéristiques principales des obligations:
- Créance: Tu es créancier, pas propriétaire.
- Revenu fixe: Tu reçois des paiements d’intérêts réguliers (généralement semestriels).
- Remboursement du principal: À l’échéance, tu récupères ton investissement initial.
- Stabilité relative: Les obligations sont généralement moins volatiles que les actions.
- Priorité en cas de faillite: Les détenteurs d’obligations sont remboursés avant les actionnaires si l’émetteur fait faillite.
- Rendement plus faible: Habituellement, les obligations offrent des rendements inférieurs à ceux des actions (environ 2-5% historiquement).
La puissance de la combinaison actions/obligations
Pourquoi associer ces deux types d’actifs dans ton portefeuille? C’est simple : ils se comportent différemment selon les conditions économiques, créant ainsi un effet de balancier qui stabilise ton portefeuille.
La magie de la corrélation négative
Quand l’économie est florissante, les actions ont tendance à bien se porter tandis que les obligations peuvent stagner. À l’inverse, lors de récessions ou de crises financières, les actions chutent souvent brutalement alors que les obligations de qualité peuvent maintenir ou même augmenter leur valeur.
Cette relation, appelée “corrélation négative”, est l’ingrédient secret d’un portefeuille robuste. Elle permet de:
- Réduire la volatilité globale de ton portefeuille
- Limiter les pertes pendant les périodes difficiles
- Créer des opportunités de rééquilibrage (vendre ce qui a bien performé pour acheter ce qui est sous-évalué)
Un exemple concret
Prenons l’exemple de la crise financière de 2008:
- Les actions mondiales (MSCI World) ont chuté d’environ 42%
- Les obligations d’État américaines ont gagné près de 20%
Un investisseur détenant uniquement des actions aurait subi une perte catastrophique. En revanche, avec un portefeuille 60/40 (60% actions, 40% obligations), la perte aurait été limitée à environ 17% – toujours douloureuse, mais bien plus gérable.
L’allocation actions/obligations selon ton âge
Comment déterminer la bonne répartition entre actions et obligations? Une règle empirique largement reconnue consiste à adapter cette allocation en fonction de ton âge et de ta phase de vie.
Phase d’accumulation (jeune investisseur)
Lorsque tu es jeune, disons entre 20 et 40 ans, tu disposes de deux atouts précieux:
- Un horizon d’investissement long (plusieurs décennies)
- Une capacité à supporter la volatilité sans avoir besoin de retirer ton argent
Ces avantages te permettent d’adopter une allocation agressive, fortement orientée vers les actions:
- 90-100% en actions: Maximise ton potentiel de croissance à long terme
- 0-10% en obligations: Maintient une petite réserve de sécurité
À cet âge, les chutes boursières ne sont pas des catastrophes mais des opportunités d’achat. Si le marché s’effondre de 30%, tu as encore des décennies devant toi pour récupérer et profiter du rebond.
Un portefeuille composé presque entièrement d’actions pourrait générer un rendement annualisé d’environ 8-10% sur 30 ans, multipliant potentiellement ta mise initiale par 10 à 15 fois.
Phase de transition (40-55 ans)
À mesure que tu approches de la retraite, il devient prudent d’introduire progressivement plus d’obligations dans ton portefeuille:
- 70-80% en actions: Maintient un bon potentiel de croissance
- 20-30% en obligations: Commence à stabiliser le portefeuille
Phase de décumulation (proche de la retraite et retraité)
Une fois à l’approche de la retraite et pendant celle-ci, tu devras progressivement puiser dans ton capital. La volatilité devient alors ton ennemie, car elle peut t’obliger à vendre des actifs dépréciés.
C’est pourquoi les allocations classiques pour cette phase sont:
- 60/40 actions/obligations: Une allocation équilibrée, historiquement robuste
- 50/50 actions/obligations: Pour ceux qui préfèrent un peu plus de stabilité
Certains experts recommandent même le modèle 70/30 pour les premières années de retraite afin de maintenir un bon potentiel de croissance, car une retraite peut durer 20 à 30 ans.
La répartition 60/40: Un standard éprouvé
Le portefeuille 60/40 (60% actions, 40% obligations) est considéré comme la référence standard en matière d’allocation d’actifs équilibrée:
- Historiquement, il a généré environ 85-90% des rendements d’un portefeuille 100% actions
- Avec seulement 50-60% de sa volatilité
- Et des baisses maximales (drawdowns) significativement réduites
Sur la période 1926-2022, un portefeuille 60/40 a offert un rendement annualisé d’environ 8.5%, soit seulement 1.5 point de moins qu’un portefeuille 100% actions, mais avec des nuits beaucoup plus paisibles.
Mise en pratique: Comment construire ton allocation actions/obligations
Pour la partie actions:
- Diversification mondiale: Privilégie un ETF sur indice mondial (MSCI World, FTSE All-World)
- Simplicité: Un ou deux ETF suffisent pour une exposition complète
- Frais réduits: Choisis des ETF avec des frais de gestion (TER) inférieurs à 0.30%
Pour la partie obligations:
- Qualité: Privilégie les obligations d’État ou d’entreprises bien notées (Investment Grade)
- Duration modérée: Une duration de 5-7 ans offre un bon compromis rendement/risque
- Diversification: Un ETF obligataire global ou européen pour éviter le risque de concentration
Exemple de portefeuille pour un jeune investisseur (25-35 ans):
- 90-100% ETF actions mondiales (ex: Amundi MSCI World ou Lyxor MSCI World)
- 0-10% ETF obligations (ex: Lyxor Euro Government Bond)
Exemple de portefeuille pour un retraité:
- 60% ETF actions mondiales
- 40% ETF obligations diversifiées (gouvernements et entreprises investment grade)
Le rééquilibrage: Un levier de performance souvent négligé
Le rééquilibrage consiste à revenir périodiquement à ton allocation cible en vendant ce qui a trop performé pour acheter ce qui a sous-performé. Par exemple, si ton allocation cible est 70/30 mais que suite à une hausse des marchés actions tu te retrouves à 80/20, tu vendras des actions pour acheter des obligations.
Cette discipline te permet de:
- Vendre haut et acheter bas, automatiquement
- Maintenir ton niveau de risque constant
- Éviter les décisions émotionnelles dictées par l’euphorie ou la peur
Idéalement, rééquilibre ton portefeuille une à deux fois par an, ou lorsque ton allocation s’écarte de plus de 5% de ta cible.
Conclusion: La sagesse de l’équilibre
La combinaison actions/obligations est l’expression financière d’une sagesse ancestrale: l’équilibre entre croissance et sécurité, risque et stabilité, opportunité et prudence.
Souviens-toi que l’allocation idéale n’est pas seulement une question d’âge, mais aussi de tempérament. Si tu perds le sommeil à chaque correction boursière, même la meilleure allocation théorique ne te servira pas si tu paniques et vends au pire moment.
Enfin, garde à l’esprit cette vérité fondamentale: ce n’est pas tant le rendement de ton portefeuille qui déterminera ton succès financier, mais ta capacité à épargner régulièrement, à rester discipliné pendant les périodes difficiles, et à laisser le temps faire son œuvre à travers le miracle des intérêts composés.
En suivant ces principes simples mais puissants, tu pourras naviguer avec confiance à travers les cycles économiques et construire progressivement une richesse durable qui soutiendra tes objectifs de vie.